INTRODUCTION

Le contexte de l'insularité est important: on doit voir petit et grand. L'île est petite mais on doit la positionner dans l'espace caribéen. L'esclavage en Guadeloupe est généré par des forces extérieures et greffés sur un espace particulier. Donnée extérieure: L'esclavage a installé des structures qui donnent naissance à une société et une économie spécifique. Comprendre l'esclavage c'est le positionner dans l'histoire, mais aussi la sociologie, la linguistique... La Guadeloupe est entourée d'îles, elles aussi colonisées mais pas forcément par le même colonisateur. Paysage varié: montagnes, plaines, salines, terres argileuses, mangroves... L'espace est occupée par des populations par vague successives: les Arawaks occupent les grandes Antilles et les Caraïbes, l'Amérique du Sud.

 

I) LA GUADELOUPE DANS L' ÈRE DE LA PLANTATION

Sud des États-unis Antilles Nord Amérique du Sud Contexte: ouverture du monde Les états Ibériques étaient déjà positionnés en dehors de l'Europe. Ces états avaient déjà profités de l'essor économique de la Méditerranée avec notamment la présence de commerçants arabes. Utilisation des techniques des marins génois. On part à la recherche de l'or: symbole de puissance des seigneuries. On cherche aussi à christianiser le monde. Les européens découvrent l'Afrique au cours de leur recherche de l'or et l'Amérique sous l'égide de la Papauté. Le Pape avait partagé le monde (=espace Atlantique) entre l'Espagne et le Portugal→1494 « traité de Tordesillas »=. L'Espagne reçoit la partie orientale atlantique (Europe, Amérique du Nord, Antilles). Le Portugal la partie occidentale atlantique (Afrique, Amérique Sud, Brésil). Le Portugal était présent au Brésil, donc la ligne verticale du traité fait un crochet à gauche. Les premiers à contester sont les hollandais dont l'économie est exponentielle. Au XVIIIème c'est la contestation générale, d'autant plus que la Papauté est de plus en plus contestée→développement d'ordres protestants= le Calvinisme: c'est la Réforme. Le Portugal qui possède les côtes africaines et américaines introduit le système esclavagiste à Madère, aux Açores... Le modèle est aussi transporté au Brésil. Les hollandais chassés du Brésil introduisent l'esclavage aux Antilles. Les portugais n'ont fait qu'implanter des comptoirs en Afrique, il ne la coloniseront pas. Ils sont repoussés à l'intérieur par les sociétés africaines plus avancées que les Amérindiens et plus organisées aussi. [la côte de l'or correspond au Ghana]. La Guadeloupe est découverte en 1493 par les espagnols, les autres européens(hollandais, français, anglais) se positionnent dans les petites Antilles et surveillent les galions espagnols et portugais. Ils cultivent le cacao...des denrées aussi importantes que l'or et l'argent monopolisés par les Ibériques →Contestation du monopole ibérique. Les hollandais occupent le Nord de l'Amérique du Sud. Les anglais s'installent à la Jamaïque, à Sainte-Lucie. La traite négrière et l'internationalisation de l'esclavage font suite à l'installation des français→christianisation des esclaves et des autochtones, particulièrement par les Jésuites. 5 ordres: Jésuites, Capucins, Franciscains, Carmes et après l'ordre Hospitalier (frères Saint Jean de Dieu). Les hollandais développe l'habitation sucrière en Basse-Terre (Baillif) 3 types de main-d'oeuvre: amérindienne engagés (les 36 mois): au bout des 36 mois ils deviennent propriétaires mais les contrats peu respectés. Esclaves noirs les esclaves noirs réagissent mieux au système d'esclavage. Les premiers esclaves africains sont introduits en péninsule Ibérique et font le voyage avec les conquérants. 1675: renforcement de la recherche d'africains 1685: établissement du Code Noir français (plus ou moins similaire à ceux des anglais et des espagnols). Le plus dur est celui des anglais (même les métisses étaient esclaves). le plus souple: celui des espagnols (l'esclave pouvait acheter sa liberté s'il avait de l'argent). Quelques amendements au XVIIIème siècle mais le code noir est encore valable en 1848 à la dernière abolition de l'esclavage. L'esclave était considéré comme un bien (tel un meuble) il passait avec l'habitation, la terre pouvait être vendu. Le statut du nouveau-né suivait le « statut du ventre » donc de sa mère (sequitir ventrem). Le code noir prévoit aussi des interdictions aux hommes de couleur libres- pas de noms de maîtres- pas d'habitats luxueux. Le code noir se module sur l'évolution de la société.

II) SYSTÈME ÉCONOMIQUE DE L'ESCLAVAGE.

En Guadeloupe, la plantation s'appelle habitation sucrière par rapport aux colons appelés les « habitants ». Système développé pour l'exportation. L'habitation est axée sur une culture en priorité= mono culture. Des produits tropicaux à valeur hautement spéculative. Habitation située sur une pente douce au début: espace consacré à la savane — ensemble: industrie et habitation — champs de canne — en friche Selon le père LABAT une habitation-type mesure 100ha. Production essentiellement faite pour l'exportation= pacte colonial. Elle est exportée vers la métropole de rattachement= marché exclusif. Les produits ne pouvaient être embarqués que sur des bateaux métropolitains ayant un équipage métropolitain. La colonie ne servait que sa métropole. Fin du XVIIIème siècle: décolonisation de l'espace privilégié de la Basse-Terre vers la Grande-Terre. En Basse-Terre se développe le café, le cacao, le coton, le tabac ( l'indigo ayant déjà disparu). Industrie gérée par des « gens de couleurs libres ». Cultures vivrières développées à l'approche et surtout après l'abolition de l'esclavage: lieux privilégiés des affranchis pour consommation locale. L'esclave avait un morceau de terrain qu'il cultivait le samedi, et il se nourrissait souvent de ses cultures. Le maître devait fournir: le logement en case l'habillement: 2 changes par an ( Les esclaves pouvaient vendre leur culture et s'acheter des vêtements aux mains des esclaves à talent). La nourriture: 1 demi pot de farine de manioc et une salaison par semaine et par individu ; on lui donnait aussi du tafia. Les esclaves étaient répartis par groupe d'âge: - moins de 14ans= petits travaux: arrachage d'herbe, cueillettes... -14/60ans- la force productive était représentée par les 21-35ans - plus de 60ans- les non valides qui surveillaient les bébés. Contrainte au travail= le contremaître utilisait le fouet. Outils rudimentaires= houes, haches. Engrais uniquement animal Charrues à boeufs. Une année moyenne (1835)= 30 000 tonnes. L'ère de l'industrie approche et le système est de plus en contesté. 1843: tremblement de terre apparition des usines qui remplaceront la main-d'oeuvre servile L'esclavage urbain: (Il y a des failles, des anomalies dans le système) se développe dans la domesticité les ports Ces esclaves avaient une certaine indépendance vis-à-vis de leur maître car il étaient placés en location.

III) INSTITUTION SOCIALE

L'organisation sociale. La société de plantation est basée sur une bipolarité: les esclaves étaient pris en charge par un esclave créolisé pour s'adapter. Il y a donc une période d'adaptation et de christianisme (1an pour les baptiser, leur donner un prénom..). Catégories: esclaves des champs= catégorie la plus nombreuse, mode de vie le plus dur domestique à talent L'affranchissement comme ouverture du système va aboutir à l'abolition 30 000 affranchis 30 000 libres de savanes 1848= abolition de l'esclavage précédée par une réactivation du système esclavagiste au début du XIXème siècle. Des physiocrates prônent l'utilisation du travail libre. Développement idéologique abolitionniste et humanitariste. Réforme de l'esclavage (abandon du fouet...). Instabilité politique en France (La Restauration, la Monarchie, la Monarchie de Juillet...). Après l'abolition, problème d'intégration. 1870: IIIème République Instauration de l'école- du racisme →rétablissement plus ou moins de la situation sociale et économique de plus en plus de troubles raciaux hiérarchisation nouvelle introduction d'indiens immigration étrangère (dominicains, haïtiens...). ― D'africains libres (congolais)

IV LES EVENEMENTS  DE 1802 (OU LA GUERRE EN

GUADELOUPE)

Autour de 1825 un voyageur du nom de LOGIN sort un livre suite à son passage en Guadeloupe, il parle de Delgrès dont le nom avait presque disparu jusque là en Guadeloupe. L'historien Lacour (un blanc créole) sort son « Histoire de la Guadeloupe » vers 1870 ses sources sont plus fiables. En 1876 Gustave Aimard sort un livre en deux tomes: tome 1: le chasseur de rat( ou L’Oeil de rat) tome 2: le commandant Delgres. Tout ceci sous une forme assez romancée. En 1899 Bernus (maire de Basse- Terre) fait une petite allusion aux évènements de 1802 dans un discours: « il va falloir un jour affronter son courage et dire qu'en Guadeloupe des hommes se sont battus pour leur liberté...» Orouno LARA un compilateur cite Lacour, Gustave Aimard et Boyer Perlot (un militaire): son histoire de la Guadeloupe a traversé les ans jusqu'aux années 60. Germain St Ruf (communiste) un jeune étudiant en médecine et ami de Jacques Adélaide-Merlandre publie en 1955 « l'épopée de Delgres ». Ce ouvrage a vraiment révélé l'existence de Delgres à la portée de Mr tout le monde. M.BANGOU commence son histoire de la Guadeloupe à cette époque. Delgres va pratiquement chasser Schoelcher dans les mémoires. Aux Antilles à cette époque, il y a une hiérarchisation de couleur, avec en haut les blancs (colons) eux mêmes hiérarchisés selon leur activité dans la colonie: producteur de canne, de café, de goyave.... Puis on a les hommes de couleur: qui sont les mulâtres, les noirs...il y a plusieurs répartitions concernant cette catégorie. Delgres est métis son pére est blanc et sa mère est mulâtresse. Le terme mulâtre vient de mulatro qui désigne un mulet en espagnol donc c'est un terme assez péjoratif. Chabin à l'origine désigne un mouton tout rouge fruit des amours d'un mouton et d'une chèvre. Capresse, capre vient de cabris. En sommes toutes ces définitions de couleur sont très péjoratifs. J Baptiste Bélay un haïtien détesté par les historiens haïtiens est sacralisé par maître RHODES

1794 première abolition de l'esclavage en Guadeloupe, les libres de couleur sont les grands gagnants de cette époque. Les petis blancs, les mulâtres (Delgres, Massoto, Ignace) Delgrès Louis (Martinique Aout 1766-Guadeloupe 1802), Ignace(Pointe-à-Pitre vers les années 1770-Guadeloupe 1802), Massoteau : sont très clairs et n'ont jamais été esclaves. Massoteau par exemple était très très blanc. Pélage lui, par contre a été esclave et est né à la Martinique vers 1776 Lors des événements de 1802, il y a beaucoup de gens très clairs ( blancs) seulement deux noirs selon un rapport. Massoto on le retrouve deux mois après les évenements (octobre 1802) dans les archives de St Eustache et on pense même qu'il a fini sa vie aux Etats Unis.

L'homme de 1802 c'est Jean- Baptiste Raymond Lacrosse appartenant à la noblesse ( Lot-et-Garonne le 5 septembre 1765-Lot-et-Garonne 1829). Il vient en Guadeloupe en 1792 et embrasse un noir en débarquant. En 1799 il est nommé par le directoire Capitaine général et arrive en Guadeloupe en disant qu'il n'est pas le même homme de 1792. Le lobby colonial malmené depuis 1791, revient dans l'entourage des nouveaux dirigeants (époque de Bonaparte). Lacrosse arrive en Guadeloupe avec des instructions pas très claires ( relation perso avec Bonaparte qui n'est pas encore empereur). Dans les correspondances de Bonaparte il n'était pas question de rétablir l'esclavage en Guadeloupe.

Delgrès et Pélage tous deux natifs de Martinique se connaissent parfaitement, ils ont eu le même parcours mais Pélage a toujours eu une longueur d'avance sur Delgres au tableau d'avancement des officiers.

Août 1801 le général des armées Bétancourt meurt, donc le poste revient de droit à Pélage parce qu'il est le plus gradé de la colonie mais Lacrosse dit pas question- De la débute une période de beaucoup de vexation envers les officiers de couleur- Lacrosse fait fusiller un jeune militaire noir tout juste enrôlé à Basse Terre. Lacrosse nomme le subordonné de Pélage un certain Souliers (blanc) pour remplacer Bétancourt puis voyant que ça n'allait pas il se nomme lui même au poste de général des armées.

Ignace et Codou deux officiers de couleur très remontés demandent à Pélage et Delgres de réagir. Delgres à l'époque était l'aide de camp de Lacrosse celui ne se déplaçait pas sans lui. Le 21 octobre 1801, ce qui se passe est dramatique pour Delgres - Lacrosse est en réunion avec des officiers et des types comme Ignace, Massoto, Coudou.. poussent la porte et arrêtent Lacrosse pour l'expulser et c'est Ignace qui décide tout ceci. Il met alors Pélage au pied du mur- pour calmer le jeu Pélage décide de diriger le pays à titre provisoire et il se retourne alors vers Delgres et lui demande de se mettre avec eux. Delgres décide malgré lui de marcher avec eux, mais s’il s’engage dans cette voie c’est à la condition d’aller jusqu’au bout. Il sait qu’il est l’aide de camp de Lacrosse donc s’il ne va pas jusqu’au bout il sera un des premiers à être fusillé.

Lacrosse va être expulsé, on le met sur un bateau pour la France mais celui ci va être intercepté par un bateau danois. Lacrosse arrive à convaincre le capitaine de le ramener à la Dominique. Pendant quatre mois il va écrire à Bonaparte- Il dresse un tableau machiavélique- il énumère le nom de tous les “rebelles” Delgres le ministre de la marine fait croire à Bonaparte que les rebelles de la Guadeloupe veulent le faire assassiner par leur espions en place en France- c’est de la démagogie à 200% .

Lacrosse veut tout simplement une expédition punitive de Bonaparte sur la Guadeloupe et il va l’avoir. Il faut souligner qu’à cette époque le France avait perdu un peu de sa toute puissance coloniale. En octobre 1801 Delgres écrit:” la liberté est un aliment dont l’estomac des noirs n’est pas encore préparé..” Le 25 mars 1801 signature de la paix d’Amiens et le lendemain l’expédition part vers les colonies.

Bonaparte avait des rivaux beaucoup plus gradés que lui comme le général Morot qui remporte succès sur succès avec “l’armée du Rhin”- parmi les généraux de Morot il y a un certain Richepance. Bonaparte cherche des gens pour aller aux colonies, il envoie donc le général De caen aux Indes- Leclerc à St Domingue et Richepance en Guadeloupe ; tous des généraux de Morot, Bonaparte choisi les généraux de Morot de façon à affaiblir celui ci en France. De plus ces expéditions sont plus ou moins des voyages sans retour.

L’expédition Leclerc compte 40 000 homme- En avril 1802 St Domingue est pacifiée avant même que Richepance n’arrive quant à lui en Guadeloupe. Mais les événements de mai 1802 de la Guadeloupe vont mettre le feu aux poudre à St Domingue- Leclerc va alors perdre.

Richepance arrive le 6 mai 1802 au large de Pointe-à-Pitre, entre temps il a pris contact avec Lacrosse à la Dominique- Pélage dirige la Guadeloupe suite à l’expulsion de Lacrosse mais il n’est pas un indépendantiste- il veut seulement que justice lui soit faite pour son poste- La Guadeloupe n’est donc pas en rebellions comme Lacrosse a voulu le faire croire. Pélage écrit même à Leclerc à St Domingue et lui demande de lui envoyer l’un de ces généraux pour lui remettre le pouvoir. Il n’est pas question pour Pélage d’avoir le moindre désordre en Guadeloupe- il a mis le pays au travail mais il ne veut absolument pas garder la direction. De plus il ne partage pas les idéaux de Toussaint Louverture- il lui écrit aussi et lui demande de rendre la colonie de St Domingue à la France.

Richepance arrive donc le 6 mai 1802 et Delgres depuis Basse terre lui envoie deux délégation pour l’accueillir. Richepance arrive en étant très méfiant, il est désarmé par l’attitude de Pélage- Est ce là le comportement d’un rebelle- Toutefois Richepance demande le désarmement des troupes noires et leur mise en cale- il compte les amener à Basse terre pour avoir une soumission rapide de Delgres.

Ignace s’inquiète des mesures prises par le Général Richepance à l’encontre de l’armée coloniale et plutôt que d’être désarmé et déporté, s’enfuit avec un certains nombre d’officiers et de soldats de cette armée coloniale et passant par Petit-Canal- le Lamentin ( traversant le grand cul de sac marin) et longeant la Côte sous le Vent, il rejoint Delgrès à Basse Terre. L’Amiral Bouvet le chef des navires de l’expédition refuse de partir sur basse terre à cause du mauvais temps pendant trois jours. Entre temps Ignace est déjà arrivé à Basse terre. Delgres qui jusque là n’était pas en rébellion va basculer suite aux infos d’Ignace-( les noirs se font massacrer à Pointe-à-Pitre par les fidels de Lacrosse).

Delgres n’a donc plus le choix il est obligé de combattre, si Lacrosse est à bord de l’un des vaisseaux de Richepance, il est foutu- Rappelons que Lacrosse avait fait bloquer le nouveau chef des armées de la Guadeloupe le général Serusa parce qu’il veut se venger.

Les soldats de Richepance n’étaient pas vraiment en condition de combattre, ils sont fatigués- Le 10 mai 1802 à Duplessis , Delgres fait tirer sur les bateaux. Le 12-13 combat au corps à corps, l’armée de Richepance souffre et celui ci demande le replis. [Pélage et Gobert (un officier basse terrien) lui disent non pas de replis, faisons combattre les hommes qui sont dans la cale ( les soldats noirs).

Richepance demande à Pélage d’écrire à Delgres, celui ci déchire la lettre et fait enfermer les deux messagers].

La Bataille engagée le 11 mai devait faire rage et ne devait se terminer que 15 jours après. Les deux faits majeurs de cette période de conflit sont:

 la mort d’Ignace et de ses compagnons à Baimbridge, après une héroïque résistance ( les rescapés de Baimbridge seront immédiatement exécutés sur la place de la Victoire et le rivage de Fouillole.

Matouba le 28 mai où Delgres se fait sauter avec les siens et les avant-gardes des troupes de Richepance qui ont forcé son réduit de Matouba sur la villa de l’Anglemont.

 

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